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La vérité en philosophie - Philo Tle BAC

 
François N’konou
Par François N’konou. Actualisé: 24 mai 2023
La vérité en philosophie - Philo Tle BAC

La vérité est l'un des thèmes les plus problématiques en philosophie. Traditionnellement, nous la comprenons comme adaequatio rei et intellectus. Cette définition de la vérité selon saint Thomas d'Aquin, qui a évidemment sa légitimité dans le contexte actuel, peut être traduite littéralement par « ...l'adéquation de l'intellect et de la chose ». Ainsi, nous pouvons dire que la vérité est la correspondance, ou aussi la conformité entre la chose connue telle quelle et le concept produit par l'intellect (l'entendement). Jadis, un Pilate s'écriait dans les Écritures Saintes : « Qu'est-ce que la vérité ? » (Jn 18,38), justement parce que Jésus lui avait laissé signifier ceci : «Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité (Jn 18,37)». Accordant une forte exclusivité aux différentes conceptions de vérité, nous nous interrogeons à notre tour : L'être humain peut-il connaître la vérité ? C'est la question qui retiendra notre attention tout au long de cet article de toutCOMMENT sur La vérité en philosophie - Philo Tle BAC. Nous allons partir de la définition générale de la vérité, pour visiter les différents points de vue des philosophes sur le sujet. Enfin, nous élargirons notre vision sur la nécessité fondamentale de la vérité.

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Index

  1. Qu'est-ce que la vérité ?
  2. Notion de vérité en philosophie
  3. Critique du relativisme et du scepticisme
  4. Platon : L'allégorie de la caverne
  5. La recherche de la vérité chez Descartes
  6. Critique de la vérité
  7. Vérité/Philosophie : Une nécessité fondamentale

Qu'est-ce que la vérité ?

Le mot vérité (veritas) est un dérivé de verus, qui veut dire vrai en latin. Dans ce sens, le vrai est ce qui est conforme à la réalité, qui n'admet pas de contradiction. Le réel, du latin res (chose), est ce qui existe effectivement. Par conséquent, la définition de la vérité peut s'énoncer comme la conformité de ce que l'on pense avec la réalité.

Il est tout à fait convenable de faire mention de la réalité dans la définition de la vérité. Cependant, même s'il semble y avoir une équivalence entre les deux termes, nous ne devons pas les confondre. La réalité relève de l'objet constaté, alors que la vérité est la correspondance entre la pensée/le discours et la réalité.

Cette distinction ainsi faite, voyons maintenant ce que les philosophes pensent sur la définition de la vérité.

Notion de vérité en philosophie

Qu'est-ce que la vérité ? Cette question va nous conduire aux différents apports des philosophes sur la définition de la vérité. Mais de façon précise, nous pouvons nous demander :

  • La vérité serait-elle une réalité illusoire ?
  • Est-il possible d'atteindre la vérité ?

Au Bac, on nous reformulera les sujets de dissertation philosophique de façon suivante :

  • Toute vérité est-elle définitive ?
  • Douter, est-ce renoncer à la vérité ?

Entre-temps, voici les sujets et corrigés de Philo - BAC 2023.

Si vous voulez savoir ce que pensent les philosophes sur la définition de la vérité, chez toutCOMMENT, nous vous invitons à continuer la lecture de votre article.

Critique du relativisme et du scepticisme

Pour asseoir la définition de la vérité en philosophie, nous devons préalablement considérer et critiquer les doctrines suivantes :

  • Le relativisme est une doctrine selon laquelle la connaissance humaine serait sujette à la relativité. Pour le relativiste, donc, il n'existe aucune vérité absolue. Protagoras dit à ce propos :« L'homme est la mesure de toutes choses ». Le problème du relativisme est la confusion qui se crée entre la vérité, qui est objective et universelle, et l'opinion, subjective ou particulière. En fait, la thèse relativiste s'autocontredit en ce sens que, en disant chacun sa vérité, elle affirme par là une vérité.
  • Le scepticisme, pour sa part, énonce radicalement l’impossibilité pour l'esprit humain d'atteindre la vérité. Mais faisant ainsi, il énonce une vérité. De cette manière, le sceptique se contredit et s'autoréfute. Voilà pourquoi il adopte l'attitude dite ἐποχή (epokhế), c'est-à-dire la suspension du jugement, qui consiste à s'abstenir de toute assertion et donc à ne rien dire.
La vérité en philosophie - Philo Tle BAC - Critique du relativisme et du scepticisme

Platon : L'allégorie de la caverne

La définition de la vérité en philosophie nous emmène à faire cette considération : Notre existence serait-elle une illusion ? Platon élucide cette question dans la République, où il décrit le monde sensible comme une grotte sombre dans laquelle les hommes sont enchaînés, esclaves de leurs ignorances et de leurs préjugés. Pour peu qu'on les laisse sortir de ce monde des apparences pour contempler la lumière du monde des idées (le monde réel), ils pourront être à mêmes de mener une vie vraie et vertueuse.

De façon synthétique, le savoir est la clé de la libération du monde des ombres, et l'ascension progressive à la connaissance réelle ne s'effectue que par l'éducation. Ainsi seulement pourra-t-on jouir d'une existence pleine et heureuse.

Toutefois, serait-il possible de cerner ainsi l'essence de la vérité à partir du savoir ? Eh bien, les mathématiques emplies de théorèmes et de formes géométriques nous le prouvent. Du moins, c'est ce que nous confirme un René Descartes.

La vérité en philosophie - Philo Tle BAC - Platon : L'allégorie de la caverne

La recherche de la vérité chez Descartes

Le doute cartésien

Dans le Discours de la Méthode, Descartes part du doute en remettant en cause tous les enseignements reçus afin d'établir la vérité des choses par l'évidence rationnelle. C'est la méthode cartésienne.

Cogito ergo sum

Mais si je peux douter de tout, je ne peux pas douter de ma propre existence, d'où la fameuse assertion Je pense donc je suis. Autrement dit, il faut penser pour douter; et si je pense, je suis. Cette proposition s'impose à l'évidence. Donc pour Descartes, la vérité est tout à fait certaine. Néanmoins, pour chercher cette vérité, il va falloir asseoir les préceptes de la méthode.

Quelles sont les quatre règles de la méthode ?

  1. L'évidence : le vrai est ce qui est reconnaissable par l'évidence.
  2. L'analyse : division du complexe en éléments simples pour mieux les examiner.
  3. L'ordre : conduire par ordre les pensées jusqu'à la connaissance des objets les plus composés.
  4. Le dénombrement : cette énumération ou revue entière permet de ne rien omettre.

Si Descartes fait si bien de nous indiquer une voie pour atteindre la vérité, retournons à notre démarche questiologique pour nous interroger : Avons-nous le devoir de chercher la vérité ? Devons-nous tout soumettre à la raison ?

La vérité en philosophie - Philo Tle BAC - La recherche de la vérité chez Descartes

Critique de la vérité

Si selon Spinoza « La vérité est à elle-même son propre signe » (verum index sui), il est aussi vrai que «toute vérité n'est pas bonne à dire». Cela voudrait-il dire que l'être humain est un être menteur par nature ? En réalité, si nous respectons l'intimité humaine et si nous considérons les torts qui pourraient être causés par le dévoilement de certaines évidences, il faudrait donc mieux préserver l'illusion que d'affirmer une vérité destructive. Sur ce, on peut reformuler la question de la manière suivante : Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

À ce propos, Freud et Nietzsche assurent la définition de la vérité de la manière suivante :

  • Freud définit la vérité comme un discours qui tenterait d'avoir prise sur le réel inconnaissable. Dans ce sens, même si l'homme tente de s'élever par la raison, il demeure un animal, que l'on dit raisonnable, ce qui n'établit donc pas une rupture efficiente entre le règne humain et le règne animal. D'ailleurs, avec la thèse de l'inconscient, Freud ne nous dira-t-il pas que « le moi n'est pas maître dans sa propre maison »? Alors quelle vérité l'être humain voulait-il établir, de ses secrets non dits, ou de ses vérités douloureuses ?
  • Pour Nietzsche, le philosophie à coups de marteau, le menteur fonde sa vie, non pas tellement sur le devoir de dire la vérité, mais bien plus sur l'importance du respect d'autrui dans la vie en société, afin de gagner de la confiance et servir ses intérêts.

Au vu de ces assertions, devrions-nous nous priver de la nécessité de penser le vrai ?

La vérité en philosophie - Philo Tle BAC - Critique de la vérité

Vérité/Philosophie : Une nécessité fondamentale

Il est d'une évidence particulière de travailler pour accéder à la lumière de la vérité, tout en n'oubliant pas que celle-ci doit être mesurée par la vertu de la prudence, pour une vie sociale harmonieuse. Au-delà de ces considérations, nous pouvons convenir avec Auguste Comte que la vérité reste le socle d'une vie assagie, car nous permettant de reconnaître et d'anticiper les réactions de la nature. Il ne serait pas vain, dans cette optique, que l'être humain s'évertue à connaître les principes et les lois universelles. « Un homme avertit en vaut deux », dit-on.

Qui plus est, la vérité permet à l'homme de se libérer de ses ignorances, accédant ainsi à un "plus-que-soi personnel". N'avons-nous pas reconnu qu' « en raison de la riche dimension de la personne humaine, une plénitude est envisageable, voire indispensable » ? Si tel est le cas, alors la quête de la vérité s'inscrit dans cette dynamique de sublimation existentielle, où la vie selon l’intellect élimine la vue des préjugés pour conférer à l'homme ses valeurs ontologiques, par la pratique des vertus et de la morale.

La vérité en philosophie - Philo Tle BAC - Vérité/Philosophie : Une nécessité fondamentale

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Bibliographie
  • Descartes, Discours de la méthode, J'ai lu, Paris, 2021.
  • Freud Sigmund , Introduction a la psychanalyse, Nabu Press, 2010.
  • Le Petit Larousse illustré 1998.
  • Nietzsche, Vérité et mensonge au sens extra-moral, S. Martini, 1883.
  • Platon, La République, Flammarion, Paris, 2002.
  • Sankey, H. (2012), « Scepticism, Relativism and the Argument from the Criterion », Studies in History and Philosophy of Science A, 43: 1, p. 182-190.
  • SPINOZA Baruch, Éthique, Hachette, Paris, 2013.
  • Thomas d'Aquin, Somme théologique, 2 t., éd. du Cerf, Paris, 1984-1986
  • TOB,Traduction Œcuménique de la Bible, Édition intégrale, Cerf, Paris, 1998.
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