Comment apprendre à mon fils à se défendre
Il ne faut pas confondre défense et violence. Si on se sent agressé, physiquement ou verbalement, on a certes le devoir de répliquer pour préserver son intégrité, mais il faut éviter de rendre les coups portés. L'école, les colonies de vacances ou encore les centres aérés sont souvent le théâtre d'échanges tendus qui échappent aux professeurs et au personnel scolaire. Ces tensions, ces disputes et parfois ces agressions physiques affectent profondément le tempérament de l'enfant qui en est victime : pour que votre enfant ne s'enferme pas sur lui-même, qu'il continue à interagir avec les autres et qu'il se développe, voici quelques conseils utiles.
Étapes à suivre:
De manière générale, les enfants ont tendance à être tout à la fois plus directs et vulnérables. Moqueries et insultes sont le lot quotidien de certains enfants. La plupart ne sont pas conscients du mal qu'ils causent. Dans les cas les plus graves, on parle de bullying ou de harcèlement scolaire. En tant que parent, enseignant ou assistant d'éducation (familièrement pion), vous avez le devoir d'aider l'enfant à se défendre. Il en va de son développement personnel.
Un enfant qui laisse passer aggrave son cas. S'il n'a pas les armes adéquates, il s'enfermera, bien malgré lui, dans le rôle de victime. Certains sont naturellement vindicatifs et ne se laissent pas faire ; les autres ont simplement besoin qu'on leur apprenne à réagir.
Pour ce faire, il faut d'abord écouter l'enfant et recueillir ce qu'il a sur le cœur. Il faut qu'il extériorise le problème en s'exprimant librement. Exprimer sa douleur le libérera d'un premier poids. Il comprendra dès lors qu'il n'est plus seul face au problème : il a l'appui d'un adulte. Ce qui peut nous paraître désuet est sans doute essentiel pour l'enfant : accorder de l'importance à la souffrance de l'enfant, même s'il n'est victime que de quelques moqueries. Ce qui compte c'est la perception de l'enfant, pas la vôtre.
Un enfant peut refuser le dialogue (évitez les questions en bloc, questions souvent impersonnelles - comment ça s'est passé ? Ça va avec tes profs et tes camarades ? T'as bien mangé...). Si besoin, parlez de votre journée d'adulte pour amorcer la discussion, détendre l'atmosphère et rendre le dialogue plus spontanée.
Vient ensuite le conseil de l'adulte : il doit être clair et concret. Proposez à l'enfant un modèle comportemental. Expliquez-lui simplement comment réagirait un adulte responsable devant une telle situation. Chaque solution dépendra du problème. Voyons par la suite quelques situations problématiques
Marginalisation. Pour une raison ou une autre, un enfant peut être écarté d'un groupe de jeu. On peut aussi lui refuser un jouet. Dans ces cas-là, il faut que l'enfant apprenne à s'affirmer : qu'il prenne l'initiative du jeu, qu'il propose un nouveau jeu, qu'il aille vers d'autres groupes d'enfants, peut être plus introvertis et proches de son tempérament.
Si un enfant en bas âge se retrouve seul parce personne ne veut jouer avec lui, il existe une solution simple: lui offrir un jouet qui éveillera l'intérêt des autres.
Exemple : corde, ballon, dernier jeu à la mode, jeu exotique et rare. Les autres enfants viendront naturellement à lui, car la curiosité les titillera.
Fausses accusations. Il est possible qu'on accuse l'enfant pour quelque chose dont il n'est pas responsable. L'enfant ne doit pas laisser passer ces accusations : en manifestant son désaccord, il fait preuve de courage, ce qui renforce l'auto-estime. L'enfant doit apprendre à garder son sang-froid et à démonter ces accusations infondées. Devant une tentative d'intimidation, apprenez-lui à se tenir droit (plutôt que la tête baissée), à parler distinctement (il ne faut ni se taire ni parler à voix basse), à regarder les autres dans les yeux (contraire d'un regard fuyant), à accompagner son discours de gestes.
Insultes. Si on insulte un enfant, il faut lui apprendre à ignorer ces agresseurs, car répondre à une insulte débouche très souvent sur une bagarre. Les agresseurs se lassent vite si leur petit jeu démoniaque n'a aucun effet sur l'autre. Ce n'est pas facile, d'autant que l'enfant a rarement la maturité pour prendre sur lui. Mais ce n'est pas impossible, loin de là. Apprenez donc à l'enfant à passer outre les gros mots (exemple de jeu mental pour y arriver : l'enfant en bas âge imagine qu'il peut prendre l'insulte et la mettre à la poubelle. Pour renforcer ce réflexe mental, l'enfant peut accompagner cette pensée par des gestes; pour les plus grands, nul besoin de passer par un tel jeu).
Intimidations (chantage, menaces, racket...). Avant que ça arrive, parlez-en à l'enfant: demandez-lui à qui il se confierait s'il était victime d'intimidations. Ce peut être aux parents, à un proche ou un surveillant. L'enfant doit savoir qu'un interlocuteur sera là pour en parler au cas où ça arriverait. Si l'enfant en est déjà victime, il faut le mettre à l'aise pour qu'il s'exprime sur le sujet (cf. paragraphe 3), puis prendre les décisions qui en découlent.
Harcèlement physique ou moral grave. C'est à vous de prendre les rênes, avec sérénité. Il vous suffit pour cela de rentrer en contact avec le proviseur ou un professeur pour en discuter et réagir. Vous pouvez aussi parler aux parents des élèves impliqués dans l'affaire. Pensez aussi à parler aux surveillants, car ils ont une position privilégiée pour régler le problème (qui survient souvent dans la cour, à la pause...).
Dans les cas les plus graves, il est toujours possible d'aller voir un pédopsychiatre et de changer son enfant d'établissement.
Remarque importante : apprendre à un enfant à se défendre est rarement facile. Soyez patient(e) et confiant(e). Il existe toujours une solution adaptée au cas de l'enfant. Si vous ne vous sentez pas capable de gérer la situation, sollicitez l'aide d'un(e) ami(e) ou du personnel qui encadre l'enfant (professeur, proviseur...).
Auto-estime de l'enfant. Expliquez aussi à l'enfant qu'il n'est pas un cas isolé. Prenez des exemples de gens célèbres au besoin : si possible des personnalités que l'enfant admire (chanteurs, footballeurs, humoristes...) et auxquelles il peut s'identifier. Vous serez surpris par le résultat. Vous pouvez aussi vous prendre en exemple...
Tentez de prendre pour exemple un adulte qui partage une caractéristique physique avec l'enfant : embonpoint, lunettes, grandes oreilles, une démarche étrange, un look vestimentaire, un prénom ou un nom de famille... Les moqueries sont souvent dirigées sur une différence d'ordre physique. En normalisant la différence, vous aidez l'enfant à relativiser et passer outre les moqueries.
Amis et appui familial. En tant que parent, il est essentiel de passer du temps avec son enfant : l'idéal serait de jouer avec lui dans un lieu public où d'autres enfants s'amusent, ou encore d'inviter quelques-uns de ses camarades à la maison. L'enfant doit s'entourer d'amis sur lesquels compter*. Un ami est un confident inestimable et un compagnon de mésaventures.
* il est possible que l'enfant entretienne une relation nocive avec des camarades qui lui veulent du mal ou qui l'incitent à faire des bêtises. Aidez alors l'enfant à renoncer à son ou ses ami(e)s toxiques.
Si vous souhaitez lire plus d'articles semblables à Comment apprendre à mon fils à se défendre, nous vous recommandons de consulter la catégorie Etre père et Etre mère.
Conseils
- La violence en milieu scolaire n'est pas nouvelle, mais une augmentation des cas de rackets et d'agressions physiques, ainsi que certains jeux dangereux (jeu du foulard, pont massacreur, happy slapping...) ont aggravé la situation : des collèges ont donc mis en place des actions préventives. Il faut donc rester vigilant et s'assurer que son enfant ne soit ni victime ni acteur de pratiques délinquantes ou violentes.
- Il existe des associations qui, en collaboration avec les associations de parents d'élèves, apprennent aux enfants à se défendre, notamment en milieu scolaire. N'hésitez pas à faire appel à elles pour protéger votre enfant.